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Une étude d'impact citoyenne sur l'Ecocentre
A notre connaissance, la situation du futur site de l’Île de Nantes est inédite : il n’existe pas d’équivalent d'Écocentre construit aussi près d’une zone d’habitation dense et
d’équipements accueillant un public sensible (crèche, établissements scolaires, résidence séniors).
Devant l'absence d'étude d'impact concernant la plateforme de traitement des terres excavées, le collectif citoyen “stop-ecocentre Île de Nantes” a donc travaillé sur un document permettant de recenser les différentes problématiques posées par ce projet.
Ce dernier a fait l'objet de relectures par des experts et universitaires. S'il n’a pas vocation à se substituer à une étude d’impact réalisée par un organisme professionnel, il permet de démontrer que les données présentées par les acteurs du projet ne permettent pas d’écarter la survenue de nuisances ou d’impacts sanitaires significatifs sur la population exposée à l’activité de l'écocentre et d’aider les décideurs à motiver leurs recommandations vis-à-vis du projet.

Les membres du collectif ont travaillé à partir des données présentées par la Samoa et l'entreprise Brézillon, mais également à partir de documents publics, tels que l'étude réalisée en 2016 par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), l'observatoire régional de la santé, la Base de données des Anciens Sites
Industriels et Activités de Services, la Base de données sur les sites et sols pollués, l'OMS, les recensements de l'INSEE, etc...
Notre étude d'impact citoyenne analyse avec précision l'implantation de cette plateforme de gestion des déblais de chantier, qui sera située à 45 mètres d'immeubles d'habitation, à proximité immédiate de deux écoles et d'une crèche de 99 berceaux, ainsi que la sociologie de ce quartier, où la proportion des personnes en ALD (Affection Longue Durée) dans le quartier de l’Île de Nantes est supérieure à la moyenne de la ville.
Les polluants présents sur les anciens sites industriels

Elle recense également les différentes activités ayant existé sur les parcelles de l'île de Nantes concernées par le projet : travail des métaux, du bois, dépôts de liquides
inflammables, de stations services, stockage et d’utilisation de produits amiantés, industrie chimique, de traitement de déchets.
En 2016, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) a relevé, identifié, classé les sols et proches sous sols de l’île et a relevé la présence de métaux lourds et d’autres agents toxiques, parmi lesquels du plomb, de l'arsenic, du cadmium, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, du benzène, du toluène, de l'ethylbenzène, des xylènes...
Sur la base de sources telles que les rapports de l'OMS, du Haut Conseil de Santé Publique, l'étude d'impact citoyenne établit les risques sanitaires relatifs à une exposition à ces différentes substances.
Effets possibles sur la santé

Pour le plomb, même à faible exposition, le risque de déficience intellectuelle est accru chez l'enfant. L'exposition favorise également la survenue d’hypertension artérielle et d’insuffisance rénale. Selon le rapport du BRGM, ces valeurs sont possiblement dépassées dans les sols actuels situés à proximité des habitations existantes.
L’arsenic est classé cancérogène (cancer cutanés et broncho pulmonaires), présente une
toxicité respiratoire, hépatique, neurologique (maux de tête, troubles de l’humeur, du
sommeil, idées dépressives chez l’adulte...), cardiovasculaire, métabolique et sur la reproduction (augmentation des risques de naissance prématurée, de faible poids à la
naissance, d’avortement, de mort in utero).
Le cadmium est reconnu comme cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction. Une exposition prolongée au cadmium entraîne des atteintes rénales et osseuses, notamment en cas d’ingestion.
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques sont des constituants naturels du charbon et du pétrole. Il s’agit d’agents cancérogènes possibles notamment de la peau, du poumon et de la vessie.
Une étude des sols insuffisante
Bien que d’une grande qualité méthodologique, le rapport du BRGM présente des limites. Les auteurs rappellent que l’inventaire des sites potentiellement exposés à la pollution liée aux passé industriel de l’île “ne peut être considéré comme exhaustif”, reposant essentiellement sur “une synthèse bibliographique”. La pollution de certains sites n’est pas connue . De même, l’état de pollution des sols sur les sites identifiés n’est peut être pas représentatif de la réalité, l’étude commanditée ne le permettant pas “par manque de moyens”.
Une étude de phase 2, permettant d’évaluer “le risque sanitaire” de la réutilisation des sols,
proposée par le rapport, ne nous a pas été communiquée, malgré nos relances répétées.
Les risques liées aux particules fines
L'étude d'impact citoyenne analyse également les risques liés aux particules fines, à Nantes où la qualité de l’air a été jugée dégradée voire mauvaise pendant 29% de l’année 2022 contre 21% de l’année 2021 et déjà 29% des jours observés en 2023. La pollution
atmosphérique est déjà responsable de 40 000 morts par an en France, et toute activité humaine augmentant la pollution atmosphérique au-dessus du niveau actuel
expose les populations à un risque de mortalité supplémentaire.
Le document analyse également les conséquences d'une exposition supplémentaire au bruit ou encore le phénomène d'îlot de chaleur (+7 degrés sur cette partie de l'île de Nantes selon les données de l'AURAN), qui serait aggravé par l'implantation d'un nouveau site industriel.
L'analyse des vents dominants ou de la pluviométrie sur la base des données Infoclimat et de la station météorologique de Nantes-Bouguenais nous permet également de douter de l'efficacité des mesures de prévention des nuisances prévues pour ce projet.

Les acteurs ne prévoient pas de mesures des principaux polluants présents dans les sols à
traiter comme l’Arsenic et le Plomb présents en quantité anormalement élevée.
Aucune technique de mesure des retombées atmosphériques, aucune mesure au plus près
des sites sensibles et aucune évaluation préalable au début d’activité ne sont prévues.
Le risque encouru par les populations locales ne pourra être ni prévenu, ni évalué.
Compte tenu des impacts sanitaires et environnementaux possibles détaillés ici, le collectif “stop écocentre Île de Nantes” demande donc à ce que le projet soit interrompu de toute urgence, que son emplacement soit modifié et que des mesures de prévention et de suivi des impacts possibles soient mieux définies.